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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 05:07

 

Une étude du CEPREMAP en 2007 en France est très impressionnante. Elle décrit (enquêtes d’opinion à l’appui), l’état de « désolation morale » de la France.

l’enquête du CEMAFREP nous dit ceci de très particulier, de manière très claire, c’est que cela n’est pas pareil dans de nombreuses autres démocraties notamment dans le nord de l’europe.  Elle nous dit que cette « désolation morale » est une spécificité nationale, une « tristesse nationale »et qu’elle est identifiable à partir d’une absence de confiance effrayante en autrui (21 % des français font confiance aux autres avec uniquement la Turquie et le Portugal derrière, alors que près de 70 % des norvégiens, des finlandais, danois et de 60 % des américains et  des chinois. C’est cette défiance que l’on retrouve en France  traduite par l’expression   « tous pourris ».

Cette enquête  propose deux fondements à cette crise morale : celui du corporatisme et celui de l’étatisme.

 

Dans le corporatisme, on trouve tous les ingrédients de l’affaire actuelle J.Cahuzac, à savoir : présomption d’innocence maintenue jusqu’au procès même lorsque les faits sont avérés.. puis mécanisme d’explication qui valent auto justification, mensonge les « yeux dans les yeux » alors que rien ne va arrêter le train en marche.

 Jérôme Cahuzac semble déjà décidé à reprendre son siège de Député tout comme N.Sarkozy n’aurait pas abandonné l’idée de se représenter à l’élection présidentielle ce qui marque l’absence totale de cadre moral. En effet, chacun a de bonnes chances de s’en sortir, notamment en jouant sur le temps long de la justice, sur la communication de leurs avocats, sur la construction petit à petit, de méa culpa de circonstance, d’un discours de justification ….

 

Dans le fait qu’il puisse être même possible qu’ils réussissent à se faire élire à nouveau, on trouve tous les dysfonctionnements de la  société « France ».

 

C’est dans cette absence de « limites », de frontières que l’on est confronté à l’amoralité d’un pays dont les habitants semblent s’enfermer dans une colère sans fin   dont ils  ne peuvent pas voir la sortie puisqu’ils sont prêts à réélire les mêmes. A croire que la colère, la rage, la haine sont devenus leur moteur, leur substance… que le « tous pourris » devient le fondement d’une impuissance…

 

Absence de limites, et donc au fil du temps, possibilité pour ceux qui passent outre toutes les frontières morales, de rester dans le jeu public en trainant derrière eux l’odeur nauséabonde de la fraude, du mensonge, du vol et de la suspicion…

Auto-justification du franchissement des limites, ou l’on ira jusqu’à dire au fil du temps: pauvre homme, je le plains…. Il s’est engagé dans une spirale (ce qu’il commence à dire).. spirale infernale… que l’on finira pas accepter. En lui trouvant toutes les excuses, ou bien un certain nombre d’excuses. Le pôvre, vous vous rendez compte, il était ministre et il ne l’est plus ! tout ce qu’il a perdu et le chômeur même pourrait s’apitoyer sur le sort du « grand homme »…

 

Ses pairs, dont une partie doivent être aujourd’hui en train de prendre contact fébrilement avec leurs banquiers pour vérifier l’étanchéité de leurs « placements »..et s’assurer que rien ne transparait,… certains même capables de hurler avec les loups, tout en serrant les fesses… car en hurlant très fort, ils peuvent contribuer à détourner l’attention d’une situation probablement très partagée par la plupart de ceux qui ont une fortune.. mais je m’égare à construire le raisonnement des français…

 

Mme le Pen pourrait tirer les marrons du feu tout en protégeant ses arrières... sinon que le compte ouvert par Mr Cahuzac est passé juste à côté d’elle et qu’elle était probablement au courant. A coup de déclaration sur la « probité » de son camp, elle doit restée prudente au cas ou des informations filtrent sur la localisation de ses propres comptes..

 

C’est sans doute, sur cette absence de frontières que l’on trouve la désolation morale française, ou il semble qu’il ne reste qu’à cultiver cette colère sans que l’on ne puisse collectivement réagir.

 

Et l’on parlera d’indignation, on brassera de grandes idées, on s’apitoiera sur soi bien sur, sur l’autre, sur ces « grandes personnalités » qui nous bafouent…ou reflètent nos flottements moraux ? pendant quelques mois. Tout cela finira par faire « pchit » car au fil du temps, tout « rentrera » dans le même ordre, peu ou prou, trop d’intérêts étant « partagés » dans la même réalité… le corporatisme finira pas triompher à nouveau…

 

C’est cela qui tue à petit feu la société. Car lorsque la justice se prononcera dans trois ou cinq ans, J.Cahuzac aura entre temps retrouvé son siège de Député, il sera condamné à un ans de prison, bien sur avec sursis, de manière à ce qu’il n’aille pas en prison ou bien à 15 jours  pour que ce ne soit pas trop long ( il n’a tué personne ai-je déjà entendu …) et un an d’inégibilité,  alors même que N.Sarkozy aura été éventuellement réélu ce qui lui permettrait d’effacer définitivement toutes les traces laissées derrière lui,  tout deux n’auront contribué qu’à « tuer» un peu plus, avec leurs pairs une parcelle de l’idée de la démocratie…

 J.Cahuzac aura une amende de 300 000 €, soit 50 % de ce qu’il y a dans ces comptes la bas, car pas question de remettre en cause son niveau de vie, c’est un membre de l’élite française…  et l’on ira jusqu’à considérer que vu ou ils sont, il est « normal » qu’ils cèdent à la tentation… à laquelle en fait, tous les français en fait céderaient s’ils étaient à la même place…

  

Tout comme J.Chirac aura échappé, in fine à toute condamnation car c’est à travers le temps, l’argument du désormais « vieil homme malade » aura prévalu.  Et si l’on revient sur ce qui s’est passé, nous sommes d’ailleurs déjà  capable d’argumenter sur la « bête politique », avec un zest d’admiration. Tout comme Alain Juppé, fusible admirable mais condamné..  aura après un accroc judiciaire continué sa carrière…

 

Tout cela décrit une impunité des élites françaises qui plonge la société dans la détresse morale.  

Le « tous pourris » s’applique partout, notamment aux juges d’ailleurs, voire le « complot » contre N.Sarkozy, lorsque les juges qui osent le mettre en cause  sont immédiatement pris dans le même faisceau de la suspicion : eux aussi sont pourris … s’ils poursuivent ils sont pourris, s’ils ne poursuivent pas, ils sont aussi pourris…

 

Les élites françaises souffrent d’un côté de ce « tous pourris » qu’ils subissent, mais ils savent aussi très bien le retourner contre les quelques qui les attaqueront un jour, au détour d’une « affaire ». Le « tous pourris » contribue à obscurcir toutes les situations et à neutraliser toute action puisqu’il s’applique désormais à quasiment tous et va jusqu’à dégringoler l’échelle sociale jusqu’à concerner quiconque bouge quelque part…la suspicion est installée partout et concerne le moindre élu sur le moindre dossier …chaque chef d’entreprise, chaque acteur dans son domaine…

 

Tout cela contribue à « tous pourrir » la démocratie et la France traine une gueule de bois chaque année un peu plus sévère, dans l’incapacité semble-t-il, au dela de l’indignation verbale à faire bouger le « système ». et pour cause, ceux qui seraient susceptibles de faire bouger le système en sont les premiers et principaux bénéficiaires… c’est en cela qu’une incapacité à faire bouger les lignes pourrait mener à une explosion sociale.. pourtant, dans un pays riche…

 

Il y a en France une urgence à défaire ce  réseau  des élites, à « détruire » ce système d’impunité ce qui n’est pas une mince affaire… car il est structuré, sédimenté depuis longtemps., solidaire, et réuni beaucoup de gens intelligents..

 

Il y aurait en France un espace pour créer une peine en justice qui s’appelait : délit d’atteinte à la démocratie, qui serait lourdement sanctionné, à la fois financièrement et pénalement en retirant notamment tout droit à celui qui serait condamné à se présenter à une quelconque élection. Point final. Celui qui est pris la main dans le sac est condamné et il « sort » du jeu.

Il a joué, il a perdu et on n’en parle plus. Le problème en France dans l’immoralité partagée, c’est qu’il a joué, il perd mais il a toujours une nouvelle chance…et de relation en relation, …  de collusion en collusion, d’intérêts communs partagés en en réseau partagé, il va toujours rebondir … et dès qu’il ouvrira la bouche le « tous pourris » raisonnera en écho.

 

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